Au coeur des herbes folles

Et le revoilà, notre cher.. tendre.. lent.. ronchon...baveux.. graisseux et maussade Molo qui pointa subitement le bout de son "nez" en se sentant.. comme qui dirait ...concerné ?!

Pataugeant et s'emmellant le corps dans les grandes tiges vertes, Molo bavait, bavait et se lamentait. Quel triste destinée ! Semblait t-il se dire avec dédain en s'observant maculé d'on ne sait quelle substance.

Pour tout dire, il était totalement -de la tête jusqu'à son derrière en passant par sa bave- terrifié. Tout cet univers inconnu à ses yeux, sa grandeur infinie, cette terre si fraîche, ces odeurs si différentes de chez lui, l'effrayait..
Et de tout manière, rien dans ce lieu ne paru vouloir le réconforter.. même sa propre ombre l'avait, à présent, abandonnée et avait fait place à une sinistre obscurité.

Tremblant plus par peur que par froid, notre gastéropode éternua violemment.. enfin... assez fort pour faire vibrer la petite, jeune et fébrile plante qui se tenait à quelques millimêtres de lui.

" A tes souhaits ! "

Tandis que Molo éternuait, un bourdonnement se fit entendre. C'était un bruit à la fois vif et ... doux comme un souffle de vent.

Un souffle qui s'approchait de la feuille derrière laquelle était Molo.

Molo arrêta brusquement sa progession puis tenta désespérément de ne pas penser à toutes les choses monstrueuses -carnivores ou non- qui pouvaient se promener dans cette forêt, et surtout, en plein crépuscule. Malheureusement, il était bien trop peureux pour ne pas frissonner et bien trop froussard pour oser jeter un coup d'oeil dans la direction où provennait la voix.

Il s'en tint seulement à écouter ce qui lui paraissait être le bruit d'une respiration et à repérer discrettement une cachette... au cas ou..

Visiblement.. enfin invisiblement, plutôt, cette créature avait la capacité de parler.. ce qui rassura en un point notre gastéropode qui songeait déjà à demander pitié à cet être qui, autant, ne lui voulait aucun mal. Il n'y tint pas compte et mit en pratique ses suggestions internes :

"Pitiéé.. pitiéé.. je suis navré d'avoir souillé vos terres.. je vous jure que je n'ai presque rien mangé, je suis désolé, je pourrait vous rembourser si celà vous gêne ! J'ai .. j'ai... Rien sur moi.. mais je pourrais travailler pour vous ! Pitiéé [...] "

Et il poursuivit sa longue tirade pendant plus d'une minute. Ridicule, oui ! surement même ! Mais peut-être qu'avec ses paroles laborieuses il avait fait fuir la dite créature qui s'était vite lassé de ce grand bavard et de ce qu'il déblatérais. Enfin ce n'était pas vraiment le but que Molo s'était fixé.. Lui, il avait simplement le rôle du lâche !

Lumina volettait tranquillement vers Limaxoria pour assister au feux d'artifice qui étaient prévu le soir, quand elle entendit ...

*Pitiéé.. pitiéé.. je suis navré d'avoir souillé vos terres.. je vous jure que je n'ai presque rien mangé, je suis désolé, je pourrait vous rembourser si celà vous gêne ! J'ai .. j'ai... Rien sur moi.. mais je pourrais travailler pour vous ! Pitiéé [...]*

*moulin à parole ? Non il y a des lustre qu'ils ont disparu de la forêt... qu'est-ce donc alors ?* pensa-telle.

Puis, curieuse, elle s'approcha de la source du bruit. Sa luminescence persant les prmières ombres du crépuscule, elle se retrouva soudain face à ... une minuscule et lamentable limace.

Elle tomba tout de suite sous le charme et s'écria :

"Ho ! Mais quelle adorable petite chose, n'ai pas peur ! je ne te veux aucun mal. Je m'appelle Lumina, je suis une luciole. Et toi, qui es-tu ?"

N'attendant même pas la réponse de l'inconnu-aux-bruits-suspects, Molo se déplaca à vive allure ^^° sous l'abri de fortune qu'il avait repéré.
Bon certe, sa cachette était petite, pas très confortable et il avait dû y rentrer en marche arrière.. mais quand même elle réussissait à masquer son gros popotin.. ce qui, rajoutons-le, n'était pas rien !

Ratatiné sous une feuille craquante qui semblait déjà bien entamé par tout les éléments de la nature, notre gastéropode s'arrêta de trembler et observa d'un air crétin ce qu'il se passait devant lui.

Ainsi c'était donc ça le paradis ? Un faisceau de lumière, une lueur perdue dans la nuit qui se rapproche en zigzagant ?
Molo déglutit. Et se posa par la suite plusieurs questions :
Premièrement, pourquoi, si la créature-qui-faisait-du-bruit l'avait dévoré ou lui avait marché dessus, il n'avait rien sentit ?
Deuxièmement, pour quelle raison ce qu'il prenait pour un halo du ciel envoyé par le grand Limaxius Bavéous spécialement pour le ramener dans le grand et baveux Paradis des limaces, froufroutait comme s'il possédait une paire d'ailes ??
Un disfonctionnement dans la machine à correspondances verticales ? (français-_-°)

L'empêchant de se demander à quelle catégorie d'herbes illicites appartenait celle qu'il avait précédemment reniflé, le halo de lumière parla.

"Ho ! Mais quelle adorable petite chose, n'ai pas peur ! je ne te veux aucun mal. Je m'appelle Lumina, je suis une luciole. Et toi, qui es-tu ?"

Une Luciole ? Mais quelle était cette créature à la voix si charmante et dont personne -des professeurs jusqu'à sa famille- n'avait mentionné le nom en sa présence ? Un ange ?

Molo oublia son ancienne terreur qui l'avait, jadis, cloué -collé ?- au sol. Il déglutit deux ou trois fois encore pour se donner une contenance, se débarrassa illico presto de son abri au moyen d'un mouvement qu'il tenta de faire le plus habile possible, et lanca d'une voix qu'il s'efforca de nuancer de notes graves et roquailleuses mais qui malheureusement se firent plus chevrotantes qu'autre chose :

"Bonsoir, Dame Luciole ! Je suis Molo du grand-cercle-boueux-près-du-tas-de-fumier et je me suis perdu lors de mon grand et dangereux périple ! Le destin t'aurait il envoyée pour me guider vers des contrées plus verdâtres et moins hostiles ?"
..Et voilà notre cher gastéropode partit dans son délire de superhéro ridicule accompagné de phrases tout aussi peu crédible les unes que les autres. ^^

L'adorable petite chose, qui s'appelait Molo, se débarassa de la feuille qui le "camouflait", mais s'apperçu bien vite que sa terreur collante s'était fixée sur le végétal, et il s'y repris à deux fois avant de se libérer de son camouflage.

Lumina sourit face à cette bouille malhabile.

C'est alors que Molo ouvrit la bouche...

"Bonsoir, Dame Luciole ! Je suis Molo du grand-cercle-boueux-près-du-tas-de-fumier et je me suis perdu lors de mon grand et dangereux périple ! Le destin t'aurait il envoyée pour me guider vers des contrées plus verdâtres et moins hostiles ?"

*Quelle belle imitation de la chèvre, il est très doué ce petit* se dit Lumina toujours souriante.

Cependant Lumina, toujours prête à s'amuser et toujours sous le charme de Molo, entra dans son jeu.

"Oui Ô grand chevalier du grand-cercle-boueux-près-du-tas-de-fumier, je suis envoyé par mon Seigneur et Maître Solarius, pour vous guider et vous permettre de revoir les votre. Veuillez donc me suivre, vous me raconterez le grand et périeux combat qui vous a mené jusqu'ici."

Puis il partirent, Lumina en tête.

Grand chevalier.. grand chevalier ..ce qualificatif flatteur fit le tour entier de la matière grise de Molo passant par les moindres interstices et les moindres neurones pour son plus grand bonheur.

Il continua lui aussi son jeune délire, croyant dur comme fer à ce que lui racontait cette jeune demoizelle aux regards doux, aux ailes rafraichissantes et aux.. Molo non!>< Notre gastéropode détourna brusquement le regard se sentant comme qui dirait gêné d'avoir un peu trop longtemps détaillé Dame luciole. ^^°

Les joues roses, il paru tout de même au comble de la joie en sachant qu'une personne de la seigneurie avait fait spécialement déplacé quelqu'un pour lui servir de guide dans cette "jungle" hostile. Il suivit donc la luciole ou plutôt sa lumière qui lui rapportait un peu de réconfort dans cette obscurité qu'était la nuit.
Mais bon.. paire d'ailes contre bave rampante.. Il y avait effectivement peu de chance pour que Molo arrive à garder la même cadence que Lumina.. et c'est donc ainsi qu'il se retrouva distancé d'environ un bon mêtre. Le pauvre Molo avait beau passer la vitesse supérieur il ne voyait presque plus la lueur de cette chere luciole.

"Dame Luciole !! Dame Luciole !!" Couina-t-il, oubliant de se redonner une voix de tenor rocailleuse.. enfin une voix virile, quoi !

"Attendez moi ! "Rajouta-t-il d'un air suppliant en se rendant compte un peu trop tard qu'il trainait depuis déjà 3 cm son ancienne cachette portable qui ne semblait pas vouloir se détachée de lui ou plutôt de son fil de bave. Sa posture semblait si ridicule qu'il aurait, à ce moment là, préféré que Dame Luciole ne l'entende pas et qu'ainsi elle ne puisse pas voir cet amas gluant-feuille qui trainait la savate derrière elle.

Lumina voletait fièrement en slalommant entre les branches. en oubliant peut-être un peu qu'elle guidait une ... Limace (et une petite en plus !). Mais un couinemant dans son dos, le lui rappela.

"Dame Luciole !! Dame Luciole !!"
"Attendez moi ! "

Lumina fit alors un soleil puis termina en vrille pour arriver derrière Molo.

Elle se posa près de lui (par chance ?) sur son ancien camoufflage (qui se détacha).

"Et bien preux chevalier, vous trainez ?" fit-elle en riant !
"Attendez je vais vous aider. Fermez les yeux !"

Molo ayant fermé ses yeux, Lumina se mit a tourner...tourner...tourner autour de la limace et cela de plus en plus vite.
C'est alors que ... Molo décola du sol, doucement...tout doucement (un peu comme une feuille qui tombe...mais dans l'autre sens)

"C'est très bien Molo, ouvre les yeux maintenant"